Cheminement de ma plume
Malgré des creux, je n'ai jamais vraiment cessé de dessiner ou d'écrire depuis que je sais tenir un crayon. Ce n'est que lycéen, cependant, que j'ai vraiment commencé à me glisser dans ma peau d'auteur, avec notamment la publication de quelques planches de bande dessinée vers 1991.
Durant la période étudiante qui a suivi, mon trait s'est lentement défait de sa maladresse pour atteindre un début de maturité, me révélant peu à peu satiriste et poète plus que pur humoriste. Autour des rencontres mensuelles du Trans Comix Express, les années 1990 m'ont donné l'occasion de participer à une myriade de petites publications, ce qui m'a plusieurs fois mené au festival d'Angoulême, et conduit à écrire un mémoire sur les fanzines de bande dessinée.
Les années 2000 ont ouvert une nouvelle période : mon style graphique devenu plus affirmé, je me suis aventuré hors de la bande dessinée. Trouvant un premier ancrage politique dans mon travail chez Greenpeace et ma participation au Festival des résistances et des alternatives de Paris (FRAP), je me suis investi dans toute une série de collectifs, contre le nucléaire, le système publicitaire, l'idéologie mortifère de la croissance économique et toutes sortes de suprématismes.
Comme je gagnais alors principalement ma vie comme traducteur (bien qu'à temps partiel, donc modestement), j'ai pu, le temps restant, m'adonner à la création sans trop me soucier de questions pécuniaires, participant dès lors à une flopée de fanzines et collectifs éditoriaux sans le sou. En tant qu'auteur, j'ai souvent pris le parti durant cette période de m'effacer derrière mes œuvres et leurs messages, de faire sans signature. Ce n'est qu'en passant à la traduction littéraire, en fin de décennie, que j'ai commencé à rompre avec cette invisibilité cultivée et à affirmer de nouveau ma visibilité comme auteur (de traductions d'abord, puis de tout le reste) : après des années dans la pénombre de l'underground, je me suis essayé au travail à découvert.
La décennie 2010 ne s'en est pas moins ouverte sur une grande panne d'inspiration, un marasme personnel dont je ne suis sorti qu'en redéfinissant certains points de mon mode d'existence par la plume. Outre le fait de ne plus systématiquement refuser les travaux graphiques rémunérés, je me suis résolu à mieux faire connaître mes œuvres à mes contemporains-e-s (ce dont participe ce site). En cet âge où le supplice de notre planète (et de tant de ses habitant-e-s) s'intensifie dans une relative indifférence, j'entends faire résonner les thématiques écologiques et libertaires qui me sont chères, tout en explorant un territoire peu défriché, quelque part entre dessin, calligraphie et poésie... Il y a du pain sur la planche.